Grâce aux réunions des
Dépressifs Anonymes je vais mieux.
Entretien
Marie et Emma (prénoms
d’emprunt).
Parlez-nous
de votre parcours…
Marie.
Je suis arrivée dans le programme il y a quatre ans. Cela
faisait de nombreuses années que je n’allais pas bien : une enfance
compliquée, un divorce douloureux avec une garde d’enfants difficile.
Il en était de même pour le travail. Une psychothérapie m’a aidée à
prendre confiance mais j’avais beaucoup de difficultés à gérer le
quotidien, à sortir de l’apitoiement. Je ne peux pas dire que j’ai été
comprise par ma famille. On me disait : secoue-toi !
Emma.
J’ai rejoint les dépressifs anonymes il y a six ans. Mon état
dépressif date, moi aussi, de plusieurs années. J’ai eu un parcours
personnel compliqué, mais la dépression s’est accentuée avec le départ
de mes enfants. Quand les enfants étaient à la maison, je me forçais à
aller bien. Moi non plus, je n’ai pas été comprise.
Comment
se passent vos réunions ?
On se
retrouve tous les jeudis, à 20 h 30, à la Ville-Junguenay. Nos
rencontres sont ouvertes aux personnes dépressives qui ont besoin de
parler. Au cours de ces réunions, on échange, on parle, on témoigne, si
on le souhaite, de ce que l’on a vécu, ce que l’on ressent. On échange
aussi au téléphone.
En quoi
ces réunions vous aident-t-elles ?
Marie.
J’y ai trouvé des personnes qui me comprennent, un hochement de
tête, un sourire, me fait comprendre que je ne suis pas la seule dans
ce cas. Dans les réunions, je vois des gens qui ont des histoires
similaires à la mienne. Ça a pris du temps mais je vais bien et j’ai le
sentiment que c’est grâce au programme. Chaque chose a trouvé sa place
et je goûte le bonheur avec sérénité mais je continue à venir car je
pense pouvoir maintenant aider les autres.
Emma.
Ces réunions m’apportent beaucoup. Je me sens revivre, j’ai
repris confiance. Maintenant je fais du bénévolat, je me lance. Je
n’aurai jamais fait ces choses-là avant. Sans le programme, je serais
dans le fond de mon lit. J’ai toujours besoin de venir aux réunions, ça
me manque.
Un
message à faire passer ?
Oui,
un message d’espoir. Le programme ça marche. Prendre des
médicaments est une chose, mais ici on libère la parole, sans sujets
tabous et toujours dans l’anonymat. Autre message : ne pas se sentir
fautif, tout le monde a droit au bonheur. Nous sommes heureuses
d’apporter notre témoignage, ce n’est que du positif.
Ouest-france
du 11/10/2014
|